— Capitaine Nez-en-Moins, je suis le capitaine Mange-Cœur, fit Lionel en liant l'épée de son adversaire avec la sienne, tierce sur tierce.
De Valdoie, surpris dans ses quartiers sans son cache-nez, avec ses cheveux dénoués en une abondance de crins hirsutes, sa chemise déboutonnée, n'affichait ni la grâce ni la noblesse qu'il s'obligeait toujours à dégager, même au combat. Afin d'atteindre pareillement son adversaire dans sa dignité, il y alla d'une pique, mais elle ne parut point cinglante autant qu'il l'aurait souhaitée.
— Il m'étonne, capitaine Mange-Cœur que, nous qui n'avons point été présentés, vous ayez sans effort compris à qui vous aviez affaire.
Et il rit en caressant du bout des doigts l'orifice qui lui tenait lieu de narines.
Lionel, qui avait appris, depuis les graves conséquences de sa batterie (1) avec le teniente Rato, des années plus tôt, à ne jamais se laisser distraire par les propos d'un opposant, canalisait son attention sur les talents d'escrimeur de Nez-en-Moins : il tenta un coup d'estoc puis de taille qui lui permirent de jauger, dans la façon de son adversaire à trouver son fer, de ses facultés de duelliste. Il rompit — d'un pas fort court à cause de l'exiguïté des lieux —, attendit une attaque, para prime puis tira. L'autre dégagea d'un mouvement sec du poignet qui, quoiqu’honnête, à l'œil expert de Lionel, pénétré du « sentiment du fer » ainsi qu'on disait dans le jargon des bretteurs, annonça de son rival ses limites de tireur (2).
Mange-Cœur fit simplement un autre pas de retraite et, quand de Valdoie, par l'ouverture présentée, s'avança bras tendu roide pour estocader, le pirate imprima une vive impulsion à son épaule. Il fit lors glisser la lame de son rival contre son pas-d'âne, grippa le fort du fer (3) et, sans que le capitaine du For God's Sake s'en rendît vraiment compte, envoya choir l'épée de ce dernier à deux toises.
— Mordieu ! s'exclama Nez-en-Moins, incrédule, les yeux fixés sur l'arme qui oscillait encore sur sa garde. D'où tirez-vous cette botte ?
Il voulut amorcer un mouvement pour la reprendre, mais la pointe de la rapière de Lionel se posa contre sa fourchette sternale.
— Un seul geste et tu avales cinq pouces d'acier.
De Valdoie, surpris dans ses quartiers sans son cache-nez, avec ses cheveux dénoués en une abondance de crins hirsutes, sa chemise déboutonnée, n'affichait ni la grâce ni la noblesse qu'il s'obligeait toujours à dégager, même au combat. Afin d'atteindre pareillement son adversaire dans sa dignité, il y alla d'une pique, mais elle ne parut point cinglante autant qu'il l'aurait souhaitée.
— Il m'étonne, capitaine Mange-Cœur que, nous qui n'avons point été présentés, vous ayez sans effort compris à qui vous aviez affaire.
Et il rit en caressant du bout des doigts l'orifice qui lui tenait lieu de narines.
Lionel, qui avait appris, depuis les graves conséquences de sa batterie (1) avec le teniente Rato, des années plus tôt, à ne jamais se laisser distraire par les propos d'un opposant, canalisait son attention sur les talents d'escrimeur de Nez-en-Moins : il tenta un coup d'estoc puis de taille qui lui permirent de jauger, dans la façon de son adversaire à trouver son fer, de ses facultés de duelliste. Il rompit — d'un pas fort court à cause de l'exiguïté des lieux —, attendit une attaque, para prime puis tira. L'autre dégagea d'un mouvement sec du poignet qui, quoiqu’honnête, à l'œil expert de Lionel, pénétré du « sentiment du fer » ainsi qu'on disait dans le jargon des bretteurs, annonça de son rival ses limites de tireur (2).
Mange-Cœur fit simplement un autre pas de retraite et, quand de Valdoie, par l'ouverture présentée, s'avança bras tendu roide pour estocader, le pirate imprima une vive impulsion à son épaule. Il fit lors glisser la lame de son rival contre son pas-d'âne, grippa le fort du fer (3) et, sans que le capitaine du For God's Sake s'en rendît vraiment compte, envoya choir l'épée de ce dernier à deux toises.
— Mordieu ! s'exclama Nez-en-Moins, incrédule, les yeux fixés sur l'arme qui oscillait encore sur sa garde. D'où tirez-vous cette botte ?
Il voulut amorcer un mouvement pour la reprendre, mais la pointe de la rapière de Lionel se posa contre sa fourchette sternale.
— Un seul geste et tu avales cinq pouces d'acier.
Pirates - Seconde époque
Tome 1
Le Trésor perdu de Cape-Rouge
Tome 1
Le Trésor perdu de Cape-Rouge
1. Violente bagarre.
2. Celui qui tire l'épée, la manie.
3. Agrippa la partie la plus renflée de la lame.
2. Celui qui tire l'épée, la manie.
3. Agrippa la partie la plus renflée de la lame.
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