Après 60.000 mots écrits depuis le 30 août, vous avez droit à un second petit extrait du texte en cours. (Je sais, je sais, on le répète à chaque fois, je suis trop bon.)
Autour de notre tiko, essaimant à contremont, une centaine d'embarcations brisaient la rivière de leur proue empressée, perçant sa peau aqueuse de coups d'aviron rageurs, la retournant, la scarifiant, et elle, elle! frémissante et enjouée, indulgente même envers nos efforts méprisants, laissaient les quilles remonter sa rêverie serpentine, clapotant ainsi qu'éclate à l'improviste le rire d'une fillette, se gaussant sans doute de nos ambitions guerrières, si ne les approuvant, les ignorant de magnanime tolérance, car telle était la nature de cet ergot de la mer qui, de furie et à son vouloir, nous pouvait engloutir, repaissant crocodiles et requiems* ou, à l'opposite, nous porter à notre dessein, à mont ou à val l'eau**, en pardonnant à nos proues empressées et à nos coups d'avirons rageurs.
*Requins
** Vers l'amont ou l'aval de la rivière.
Un massacre magnifique
© Éditions Hurtubise
Publication automne 2010
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