— On m'a vu entrer céans, il y a cinq minutes, on me croira bientôt au lit. Je vais filer par une fenêtre derrière. Je vais trouver mon frère, le lieutenant; à cette heure, il fait ses délices d'une sauvagesse dans une cachette du fort que je lui connais. Je le vais aviser moi-même. Il reste mon autre frère, le simple arquebusier...Il plia le bout de papier et me le tendit.
— Porte-lui ce message. J'y indique où il pourra nous venir rejoindre en forêt.
— Bien, capitaine.
J'allais m'élancer, mais il me retint par la saignée du bras.
— Côme.
— Capitaine?
— Dis à mon frère que, dès qu'il aura lu le message, il le brûle à une chandelle.
— Bien, capitaine.
Il me retenait toujours.
— Côme.
— Capitaine?
— C'est très important qu'il détruise ce message. Si on le capture alors qu'il cherche à nous rejoindre, on saurait adonc où nous trouver.
— Oui, capitaine.
— Et nous serions morts.
La sombreté de ses iris baignait d'une mouillure qui ne participait peut-être point de la peur, mais dont elle procédait, à l'évidence. On la devinait tirer sa source d'un sentiment flou qui louvoyait entre courage et inquiétude, résolution et doute.
— Je comprends, capitaine. Je le lui dirai, capitaine.
Extrait :
Un massacre magnifique
© Éditions Hurtubise
Publication automne 2010
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