⎯ Je vais te citer toi-même : « Au moment où la personne
dont on est follement épris nous repousse, balaie nos prétentions
sans plus d’espoir, à cet instant même et pour les années qui
suivront, on se surprend à flotter au-dessus d’une fosse abyssale,
aveugle, errant, la poitrine nue, le ventre ouvert, abîme soi-même,
infinitude de désarroi, et tous les fleuves réunis ne sauraient
suffire à épuiser les larmes drainées par la carence, l’absence. »
— Tu connais le passage par cœur ?
Elle fait une moue en baissant les
pupilles sur l'exemplaire du livre.
⎯ Je ne suis pas d'accord avec ce que
tu avances, reprend Madeleine, mais en même temps, je n'ai pas
d'argument à t'opposer ; je ne connais pas cette détresse, les
affres dont tu traces le portrait. Mon copain... mon mari est le
premier garçon dont je sois tombée amoureuse. Je l’ai rencontré
à l’école, à dix-sept ans, et on ne s’est pas quittés depuis.
Quand je réplique à mon tour, pour un
peu, je me retournerais afin de m'assurer qu'un étranger ne vient
pas d'entrer dans la cuisine, tellement je ne reconnais pas ma voix.
Dans l'intonation que j'emploie, je cède plus d'amertume que je
n'aurais souhaité :
⎯ En ce cas, tu n’as pas vécu.
Bontée divine!! Les deux extraits sont à lire et à relire!! J'aime surtout la citation du début ^^ Vraiment monsieur Camille, vous avez le don!
RépondreEffacerCamille,o el Rey de las palabras! Francine
RépondreEffacerAah, merci, les filles. Non, vraiment, je suis un auteur comblé avec des lectrices enthousiastes comme vous autres.
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