Il s'agit du personnage principal de l'histoire qui explique comment il perçoit le voyage.
Dès ma première destination, l’Inde, j’ai été happé par une force d’attraction supérieure à tout souvenir, à tout passé, à toute envie de retour. J’ai reconnu le monde auquel j’appartenais, celui de la moisson des êtres, des amitiés perpétuellement renouvelées, des départs aussi, forcément, et je me grisais de la sensation de trahir, comme je l’avais été, ceux qui me prodiguaient leur affection, les trahir chaque fois que je m’apprêtais à chérir d’autres amitiés, d’autres relations, trahir les femmes également, leurs yeux larmoyants, pour mieux faire pleurer les suivantes à qui je me dérobais pareillement. Partir, arriver, partir encore, ne jamais remarcher dans mes pas, ne jamais recroiser qui j’avais croisé, comme une fuite, pas une quête, une défilade ininterrompue, une échappatoire à un passé poisseux, opiniâtre, un passé semblable au sillon d’un pétrolier dont une brèche dans la coque empoisonne la mer d’hydrocarbures et qui ne peut lui-même faire halte sans baigner dans ses propres souillures.
L'Homme de partout
© L'Hexagone, 2013
Merciiiiiiii Camille! C'est vrai que c'est différent de vos autres livres. Plus corsé je dirais. Me gusta tambien. Bien hâte de le lire. Francine
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