— Je sais. Cette attirance reste mystérieuse pour moi aussi. Tu vois que je ne comprends pas tout.
Il rit sans entrouvrir les lèvres, en couinant à chaque respiration. Il finit par admettre:
— Tu es mon seul ami, Tristan.
— C'est parce que tu es nouveau, ici. Tu t'en feras plein, des amis. Tu es un bon gars.
— Je ne pense pas. Les autres s'en foutent que je sois bon. Je suis gros.
Je bois une gorgée de jus en le regardant. Il chiffonne le papier d'emballage qui contenait son sandwich pour le déposer dans sa boîte à lunch en attendant de le jeter plus tard aux ordures. J'avale et riposte :
— Je ne te rejette pas, moi.
Il continue à fixer le papier en répliquant :
— C'est parce que tu n'as pas d'autres amis, toi non plus. Tu es un bollé. Tu es un rejet.
Il n'est pas si niais, le gros Fabrice. Il m'émeut même quand il précise :
— Et les rejets se rassemblent pour ne pas être seuls.
Extrait:
La Forme floue des fantômes
© Éditions de la Bagnole, 2014
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