Je consacre mon été à écrire une série de nouvelles pour la revue Alibis. Il s'agit pour l'instant d'au moins 5 histoires qui se déroulent dans l'univers des cartels de drogue mexicains. L'écriture va bon train.
Pour vous donner une idée, comme d'hab, aux amateurs de ce blogue, je présente un petit extrait d'une novela de près de 13.000 mots qui paraîtra dans le no 48, à l'automne. Le titre : Parce que, Paulina.
Mise en contexte: le vieux trafiquant sert de garde du corps aux enfants du chef de gang. Des tueurs les poursuivent. L'histoire est racontée avec le vouvoiement.
— Tu crois que... Vous croyez que les tueurs nous ont vraiment retrouvés, don Juan? demande Paulina avec une distance, un respect nouveau, qui n’est pas pour vous déplaire.
Ça vous rend la gamine moins détestable. Aussi, votre voix émerge-t-elle moins bourrue.
— Je ne crois rien. Mais j’ai la responsabilité de vos cinq vies. Je ne prends aucun risque.
De sa place, sur la banquette arrière, Stefano s’informe:
— C’est vrai que toute l’eau du monde, elle revient toujours au même endroit, Abu?
— Tu l’appelles « don Juan », Stefano, corrige Paulina. Ce n’est pas notre grand-père.
— C’est vrai, dis? insiste le garçon sans même regarder sa cousine.
— De quoi tu parles, là? demandez-vous, les sourcils froncés, sans oser le dévisager dans le rétroviseur à cause de la route de mauvais macadam sur lequel vous venez d’engager le véhicule.
— À l’école, madame Carla, elle dit que l’eau, ça se recycle tout le temps.
— Je pense, oui.
— Comment ça? s’informe Paulina, non pas avec un regard curieux, mais avec cet air de qu’est-ce-que-vous-racontez-les-gars-car-on-ne-me-la-fait-pas-à-moi qui vous énerve royalement.
— Comment ça, comment ça... C’est simple : l’eau elle tombe en pluie, elle va dans la terre qui la renvoie dans les rivières qui la renvoient dans les mers qui la renvoient dans le ciel par évaporation qui la renvoie sur la terre avec la pluie. Voilà. C’est un cycle sans fin.
— Mais le pipi? Mais le vomi? s’inquiète la gamine.
— Pareil.
— C’est dégueu! s’exclament Paulina, Soledad et Monica avec un bel ensemble – seule Maritere, trop jeune et toujours sous le choc de votre colère, reste coite.
— C’est cool! se réjouit plutôt Stefano en étirant longuement la syllabe.
Puis, le gamin s’avance de manière à poser une main sur votre bras droit. Il demande :
— Je peux encore faire pipi par la vitre arrière, Abu?
— Encore? Bon Dieu, tu peux pas te retenir jusqu’à la prochaine halte?
— Si, mais je voudrais le faire tout de suite pour que, mon pipi, il ait le temps de s’évaporer.
— S’évaporer? Et alors?
— Qu’il retombe en pluie au plus vite! Et en plein dans la gueule des fils de putes qui nous poursuivent.
Amusant, intéressant et méga-génial .;0) J'ai fait découvrir cette revue à ma soeur. C'est parfait pour elle qui lit une petite histoire à la fois. Elle est moins gourmande que moi. Hi hi! Fd
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