mardi 29 mars 2011

Les pensées d'un écrivain

Forestville... en Arkansas

En Arkansas, nous avons traversé le pendant étatsunien (et anglophone) de Forestville.

Meuh si, meuh si ! Voici la preuve :


samedi 26 mars 2011

Pittoresque

Au Texas, il n'y a pas de corneilles sur le bord des routes, mais... des vautours.
Pittoresque.












(Et mon petit frère me fait remarquer que, en ce temps de l'impôt, l'entrée est de circonstances.)

mercredi 23 mars 2011

Mers sanglantes - Extrait

Quatorze tirs atteignirent leur cible, un seul se perdit trop haut au-dessus de la mâture. Les boulets frappèrent la caravelle du grand mât à l'étrave, en abattant les manœuvres et en ouvrant des voies d'eau. Ils explosèrent des bordages, déchiquetant virures et vaigrages, excentrant le taille-mer et les gorgères. Obéissant au tangage qui la chassait vers le creux de la vague, la Santa Concepción piqua violemment de la proue, subissant après le fer, l'impact de l'eau. Ses brisures à l'avant augmentèrent encore et la caravelle embarqua comme boirait un plongeur ayant omis de refermer la bouche.

Sur l'Ouragan, les pirates la virent disparaître dans un bouillonnement d'écume et s'enfoncer jusqu'aux roustures du grand mât de hune. Elle resurgit à demi-couchée sur la muraille bâbord, vira à tribord, trop alourdie de mer pour se redresser en dépit de l'ardeur de la vague suivante. Elle roula encore sous l'assaut de la déferlante, sa mâture la gardant de se retourner quille au ciel, et s'efforça à maintenir le museau hors de l'eau pareille à une baleine mise à mort. Peinant une dernière fois à retrouver son équilibre, elle s'étendit définitivement sur le flanc, bousculée par la houle sans merci. Elle fut soulevée par une lame qui, aussitôt, la rejeta au plus profond de son creux.

La Santa Concepción chassa un instant, fétu insignifiant dans les rapides d'un courant, si frêle, si fragile, qu'il fallait déjà s'obliger pour se rappeler que, cinq secondes plus tôt, c'était elle le prédateur, à deux doigts de réduire sa proie en charpie par la vigueur de son attaque.

Extrait de Mers Sanglantes
Tome 1

© Éditions Hurrtubise et Camille Bouchard 2011

vendredi 18 mars 2011

Arrêtez de vous inquiéter !

Vous vous inquiétez, car il y a plusieurs jours que je n'ai pas donné de nouvelles ? Ne vous en faites pas ! Nous sommes stationnés dans un endroit très isolé du Mother Neff State Park et nous n'avons pas accès à Internet (à moins de faire 40 km comme aujourd'hui).

Nous resterons à cet endroit jusqu'à mercredi prochain, 23 mars, où nous reprendrons inexorablement notre route vers le Nord... et le froid !

Il m'arrive plein de belles choses, dont des nominations à des prix littéraires (chut ! c'est un secret pour tout de suite). Je vous en reparlerai.

À plus tard !

 

dimanche 13 mars 2011

La Dame de Panamá - Extrait 4

— A... amiral ! Vous vous adressez à... à une femme mariée ! Je vous en prie. Il n'est pas séant que vous mettiez ainsi votre cœur à découvert.

Il lève vers moi un visage à demi masqué par le clair-obscur du couchant que jette la porte du balcon derrière lui. Pourtant, il me semble bien distinguer dans ses yeux la mouillure émouvante de la sincérité.

— Madame, moi aussi, je suis marié, et pourtant...

Je recule d'un pas supplémentaire afin de m'assurer que ses doigts ne caressent un ruban de ma robe qu'ils sont sur le point d'atteindre. Je l'interromps :

— Marié ! Vous également ! Mais voilà qui est de la plus grande déshonnêteté ! Cessez de me torturer et, de grâce, relevez-vous.

Il m'obéit, mais ce n'est que pour mieux réduire l'écart que j'avais tenté de creuser entre nous.

— Le mariage ne nous coupe pas de nos sentiments, señora. Dieu a voulu, en dépit de nos origines différentes, que nous nous rencontrions ; n'est-ce pas là la plus belle preuve de Son désir de voir lier nos destinées ?

— Nos destinées sont déjà liées. Et chacun avec quelqu'un d'autre !

— Nos sorts d'époux, certes, mais notre bonheur ? Je le pressens voué à nous unir vous et moi. Soyez sincère, votre cœur, que ressent-il à mon égard ?

— La question n'est pas là. Elle tient de nos passés respectifs. Nos cœurs ne sont plus libres.

— Pourquoi nos mariages nous couperaient-ils du bonheur ?

— Mais, amiral, une femme qui se marie renonce au bonheur !

Extrait du roman en cours d'écriture

La Dame de Panamá
© Camille Bouchard 2011, 2012 (éditeur à venir)

jeudi 10 mars 2011

Pause et pose

Après deux semaines d'écriture intense, j'ai pris une petite pause (et pose) et suis allé me promener dans San Antonio, une ville magnifique. J'ai aussi visité Fort Alamo, qui marque encore fortement l'imaginaire américain. Un album photos de l'endroit sera bientôt disponible sur le blogue des chroniques de Matamata.

Mes salutations !

lundi 7 mars 2011

La Dame de Panamá - Extrait 3

Searles regroupe facilement deux douzaines d'Anglais disposés à le suivre et fonce vers le port. Sur leur passage, ils ne manquent pas de trucider quelques soldats égarés, deux ou trois marchands mal inspirés d'avoir avancé la tête par la porte de leur commerce, et un curé suicidaire qui les harangue sur le parvis de son église. Deux mendiants apprennent aussi à ne pas leur demander la charité.

Amarrées aux môles, quelques barques de pêcheurs ballottent sur les ondes échappées des brise-lames. Les propriétaires ont eu la bonne fortune de décamper. Searles s'attaque au cordage de la plus grosse.

— On ne va tout de même pas se lancer à la poursuite d'un galion sur cette carapace de tortue retournée ? proteste un des flibustiers, mécontent. Et surtout pas sur une mer aussi rebelle que celle-là ?

Le coup de poing que lui balance le second d'Henry Morgan aurait assommé un bœuf. L'homme se retrouve assis sur le quai, à moitié inconscient.

— Un : on ne discute jamais mes ordres. Deux : les chaloupes ne sont pas pour rejoindre l'île de Taboga, mais les deux-mats qu'on voit au large. Trois... eh bien, trois : j'aime ça frapper des têtes d'idiot comme la tienne.


Extrait du roman en cours d'écriture
La Dame de Panamá
© Camille Bouchard 2011, 2012 (éditeur à venir)

samedi 5 mars 2011

Carte postale du jour

vendredi 4 mars 2011

La Dame de Panamá - Extrait 2

— Ma chère enfant, tu es encore jeune, mais écoute bien ce que je vais te dire...

Le prêtre dépose son verre par terre puis, les coudes sur les cuisses, chapelet et crucifix de ceinture enfoncés dans un pli de sa bure, poursuit :

— Les pirates, avant d'être pirates, sont comme nous : des têtes d'hommes sur des corps d'hommes. Certains beaux, certains laids, mais rien qui les différencie du commun des mortels. Cependant, à force de pratiquer leurs vilénies, à mesure qu'ils troquent leur âme de chrétiens pour celles de mécréants, de violeurs et d'assassins, leur physionomie change.

— Vraiment ?

— Certains — parmi les pires, je te l'accorde —, ont des griffes, des crocs, d'autres des pupilles rouges et enflammées semblables à celles de leur maître, Satan, d'autres encore verront leur crâne transformé en celui d'un chien, d'un singe, d'un loup, voire d'un cochon. Ils...

Un bruit de métal qui heurte le bois me fait sursauter. Je me détourne vivement pour trouver Juanita, pâle comme une pleine lune, le regard fixé sur Fray Jesús, des ustensiles à ses pieds. Ma servante est figée d'effroi.

— Mon père ! que je lance, sourcils froncés, en revenant poser des yeux mécontents sur le religieux. Vous faites peur à ma bonne Juanita. Ne dites plus ces sottises.

— Mais ce ne sont pas des sottises, María ! Demande à tous ceux qui ont eu à affronter les pirates : ces êtres ne sont pas humains et les actes qu'ils pratiquent, les tourments qu'ils imposent à leurs victimes, ne sont pas humains non plus.

Extrait du roman en cours d'écriture
La Dame de Panamá
© Camille Bouchard 2011, 2012 (éditeur à venir)

mardi 1 mars 2011

Ma petite vie

Tout le monde demande de mes nouvelles, alors voici :

Tout va super ! Nous sommes actuellement dans un parc national au Texas, dans la région des collines (Texas Hills Country). Ici, la température est moins chaude que dans le Rio Grande. Nous profitons d'un temps plus sec aussi (les masses humides du Golfe du Mexique ne nous atteignent pas). Nous profitons des 23-25°C dans le jour, et des 10-12°C, la nuit. Les ciels étoilés sont à couper le souffle.

J'écris sans discontinuer tandis que Nancy profite des sentiers autour pour faire de la randonnée. Ici, les pistes sont superbes pour ça. Mais ne pensez pas qu'elle se la coule douce. C'est elle qui se tape toutes les corvées du VR et la cuisine.

En ce moment, je rédige un gros roman (mon 58e) pour ados (La Dame de Panamá ! Oui ! Bravo, toi, dans le fond !) et j'en révise d'autres en compagnie de mes directrices littéraires.

Je vois qu'il neige au Québec et je me dis « Crotte ! (Je n'ai aucune classe.) Dans un mois, déjà, il faut revenir. » Car, les amis, dès le 4 avril, je commence ma grande tournée des écoles du printemps 2011.

Alors, comme on dit par ici : Stay tuned !