mardi 28 décembre 2010

Chaque matin, le doute

Pas un matin. Pas un matin où je ne me lève avec le doute. Pas un matin où je ne me dis que je ne suis pas vraiment un créateur. Que ce que j'ai écrit la veille, c'est poche, à la limite, stupide.

Pas un matin.

La reconnaissance des pairs ? Les prix littéraires ? Une simple suite de circonstances, un alignement des planètes, mais le talent, rien à voir. Surtout pas le talent. Car si j'avais du talent, tout serait simple, facile, tout coulerait de source, la certitude serait omniprésente, je n'aurais pas sans cesse ce sentiment du travail inachevé, de la phrase paresseuse, de la scène incohérente, du personnage inconséquent... Si j'avais du talent, si j'étais vraiment un créateur, je ne me lèverais pas avec l'impression que ma vie n'est qu'une immense imposture.

Les lecteurs qui nous écrivent ? Émus ? Enthousiastes ? Un sur combien de milliers qui n'ont pas fini le livre, qui ont grogné, bâillé, juré, l'ont abandonné ? Un sur combien qui jamais ne nous écriront pour nous faire part de leur déception ?

Alors, pourquoi continuer ?

Parce qu'il y a aussi le doute que, finalement, malgré tout, on est peut-être un créateur.

8 commentaires:

  1. On est bien tous pareils. Mot à mot. Ce matin, moi je me demandais si j'avais le droit de ne rien faire, de "gaspiller mon talent" comme auraient dit les religieuses qui m'ont enseignée (et qui ne disait ça qu'aux premières de classe de toute façon!)
    Il y a finalement que les matins où on fonce sans penser et les matins... de doute.
    Persévérance vaut mieux que talent: ce n'est pas moi qui le disait c'est l'artiste peintre Basque et je l'ai cru.

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  2. Alain M dans votre Twitter, c'est Alain M. Bergeron, je suppose? S'il répond, vous viendrez me le dire ici.

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  3. Cher Camille,
    Je crois que le doute est sain, en autant que ce même doute ne te paralyse pas. Car c'est en doutant de son talent qu'on se fouette, qu'on se pousse, qu'on cherche à s'améliorer, qu'on continue à suer pour trouver le mot qui brille, l'image qui scintille, la phrase qui éblouit...
    Lâche pas.
    Tu peux douter de ton talent (et tu le feras sans doute toujours) mais il ne fait aucun doute que tu es un créateur. Jusqu'au bout de la racine des cheveux. Tu y mets trop de passion, trop de discipline et trop d'ardeur pour être un imposteur...

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  4. ClaudeL = Ouaip ! Une chance que je ne réfléchis jamais avant d'agir.

    Andrée = "mot qui brille, image qui scintille, phrase qui éblouit..." Y a pas à dire, voilà un commentaire lumineux. ;o)

    Mais tu as raison. Dans le doute, ne jamais s'abstenir, c'est ma devise.

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  5. Content, malgré tout, de constater que je ne suis pas le seul...

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  6. Cher Camille,
    J'espère que votre voyage à bord de Matamata se déroule bien et comme prévu! :)

    C'est en lisant le premier paragraphe de votre chronique du 28 décembre, que j'ai pensé que vous aviez complètement tort! Bien que le doute est humain, je pense que vous n'avez pas à douter de votre talent de créateur. Chacune des phrases de vos romans sont plaisantes à lire, envoûtantes. Vous dotez d'un réel talent, et vous ne devriez pas en douter. Il y a une raison pour laquelle vous avez publier plus d'une cinquantaine de romans, c'est car vous êtes un créateur. Un vrai.

    De mon côté, je continue toujours l'écriture. J'y travaille un peu chaque jour, et ça avance à petit pas.

    Enfin, je vous souhaite un joyeux Noël (en retard) et pour compenser, une joyeuse année 2011(à l'avance :oD ).

    Amicalement,
    Camille (14 ans)

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  7. Merci Camille.

    "Écrire, c'est aller au bout de mon doute."
    Extrait d'un carnet

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  8. Claude = Je pense que c'est symptomatique à la création.

    Camille = Tous ceux qui portent ton prénom sont formidables, on ne le répétera jamais assez.

    Katia = J'aime beaucoup cet extrait.

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