dimanche 7 mars 2010

Extrait 6 - Un massacre magnifique

Lorsque, de nouveau, j'ouvris les yeux, autour de moi, fureur et cris s'étaient tus. Plus d'ahans d'efforts ni de rires mauvais, plus d'imprécations ni de rugissement haineux. Plus même de gémissements.

Le ciel s'était tavelé d'étoiles au milieu desquelles se devinaient encore de longues charpies de nuages, nuées malheureuses au firmament de l'odieux, qu'on eut dit écharpées elles aussi au fer des épées de Castille. La lune avait fui ou n'osait point se lever sur la laideur des hommes.

Mon corps diffusait une douleur lancinante, vive un instant, modérée la seconde suivante, sans qu'il me fût possible, étrangement, d'en reconnaître la source exacte. Le mal fluait et refluait ainsi que la marée lèche la grève, y étend l'humide souvenir de son errance, se rappelle aux promeneurs tout en se remembrant la trace à emprunter à la prochaine vague. Je ne pouvais discerner l'emplacement exact de ma souffrance, mais je la savais multiple, venant au vrai de plusieurs blessures.


Un massacre magnifique
© Éditions Hurtubise
Publication automne 2010



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