mardi 7 septembre 2010

Extrait 3 de «Pirates - Seconde époque»

À l'approche de midi, tandis que se gonflait la marée, les vents avaient forci. Le capitaine de la Santa Concepción réduisit la voilure pour gouverner avec les huniers seuls, cap bouté1 droit au brigantin anglais. De lourdes nuées grises avaient succédé aux veines irisées qui, pendant la matinée, avaient teinté de nacre le ciel et la mer. Il n'aurait point fait bon naviguer plus au nord, le long des côtes de la Tierra Florida, par exemple, voire même aussi bas que dans les Bajas Mares2.

La bouche des canons espagnols pointait déjà hors des sabords et les embruns qui pleuvinaient3 de l'écume, en se jetant dans les pertuis, menaçaient de mouiller la poudre au fond des culasses. Quand le maître canonnier en fit la remarque, le capitán Pánfilo Valdez y Melitón le renvoya d'une saillie fort désobligeante. Il tenait, dit-il, dès le départ, à exprimer son agressivité à l'Anglais.

— Il affourche afin de maintenir sa proue par-devers nous, fit remarquer don Arcángel en constatant l'angle fort écarté des deux ancres du brigantin. Il craint de nous présenter ses flancs. Il sera difficile d'ajuster une bordée efficace, point seulement à cause de l'étroitesse de la cible, mais aussi parce qu'on devra lors combattre le roulis des vagues.

— Adonc, restez grand largue en arisant toute la toile, indiqua don Pánfilo. Ça obligera l'Anglais à se garder au vent. Nous pourrons mieux manœuvrer que lui.

De l'expression marinière du XVIe siècle « Bouter cap à », soit « Tourner la proue vers ».

Les « Mers basses », contracté plus tard en Bahamas.

Pleuvoir en fines goutelettes.

Pirates - Seconde époque
Tome 1
Le Trésor perdu de Cape-Rouge

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