mardi 9 décembre 2008

Espoir Jeunesse

Une jeune fille est venue frapper à ma porte, aujourd'hui. Je râle un peu (je râle toujours quand on m'arrache à l'écriture) et descends répondre.

— Bonjour. Je m'appelle Isabelle et je viens vous parler d'un organisme qui s'occupe de sensibilisation et de prévention pour les jeunes en difficulté et blablabla et blablabla.

Et elle y va de son petit laïus qui, ma foi, m'interpelle. Je vérifie ses papiers de colporteurs (colportrice), elle n'en a pas, mais trimballe dans son gros sac de la papeterie officielle genre factures, un permis du village de Sainte-Louise, rien de Saint-Marcel, mais bon, je vois bien qu'il y a du sérieux dans son affaire.

— OK. Je veux bien t'encourager un peu. Combien donnent les gens, habituellement ?
— Entre 10$ et 30$.
— Oh ! Ça fait quand même beaucoup.
— Oui, mais on ne demande pas la charité, on vend des choses, plutôt.

Et la voilà qui se remet à farfouiller dans son sac pour sortir des tas de cossins dont je n'ai rien à foutre, lampes de poches, ciseaux, couteaux de cuisine, le tout dans des emballages déjà ouverts, des objets qui ont un petit vécu. Là, j'hésite carrément.

— Tes trucs, là, ça vient d'où ?
—  Euh...
— C'est pas du matériel volé, au moins ?
— Pas du tout ! me clame-t-elle. Je vous jure que je suis quelqu'un d'honnête et que jamais...
— Oui, toi, je n'en doute pas, mais qui te donne ton matériel ?
— Ça vient de Montréal.
— Qui, Montréal ?
— Le bureau chef.
— Il s'approvisionne où, le bureau-chef ?
— En Chine.
— En Chine !?

Elle a un petit sourire gêné. Elle est charmante, mais je suis désolé ; je ne peux pas. Je hais cette consommation inutile, je hais m'embarrasser de trucs superflus et je hais plus encore acheter quelque chose qui a transité par je ne sais quelles mains. Elle se défend :

— Écoutez, monsieur, je vous jure qu'il s'agit là d'objets tout ce qu'il y a de plus honnêtes et, de toute façon, mon but n'est pas de vous vendre quoi que ce soit, mais bien de vous sensibiliser à notre cause.
— Parfait. C'est réussi. En échange, voilà l'entente entre toi et moi : repars avec ces trucs qui ne me tente en rien et dont j'ignore la provenance, et je te promets que je participe à ta campagne de sensibilisation en parlant de toi sur mon blogue public.
— C'est bien vrai ?
— Je vais même raconter ta visite, comme ça, ton boss saura que tu fais bien ton travail.
— C'est original.
— Et mes lecteurs, s'ils sont intéressés, pourront visiter le site de votre organisme :http://fcej.org/accueil.html . Ils pourront ensuite eux aussi participer à la promotion de vos services ou même les utiliser, qui sait.
— Merci, monsieur.
— Ya pas de quoi. Et fais attention en sortant, j'ai dégagé l'entrée avec une pelle fabriquée en Chine.

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