SAINT-EUGÈNE

Aujourd'hui, j'ai passé la journée à l'école primaire Jeanne-de-Chantal, de la municipalité de Saint-Eugène-de-l'Islet, un village voisin de Saint-Marcel. J'aime ça rencontrer des jeunes qui sont mes... quasi-voisins. (D'ailleurs, j'y ai croisé Camille, la fille de Vicky, qui demeurait à Saint-Marcel l'an dernier et qui a déménagé à Saint-Eugène.)

Comme d'habitude, je me suis amusé avec les groupes. Marie-France, qui avait organisé la rencontre, ainsi que Sandra, la directrice, m'ont extrêmement bien accueilli. En plus, tous les profs avaient très bien fait leurs devoirs et les jeunes étaient bien préparés. Ç'a été un grand plaisir.

Sauf que...

Premier atelier : je rencontre des jeunes de maternelle, 1re et 2e années. J'explique que moins d'une heure est consacrée à la rencontre, ça passera vite, aussi on ne perdra pas de temps en vains bavardages. Tout le monde est d'accord.

À un moment donné, je fais des blagues à propos d'un élément de la rencontre. Un petit garçon de 2e année reste sérieux et lève la main. Je l'invite à parler :

— Vas-y, mon grand.

— C'est qu'on perd du temps, là.

Malaise chez les profs et la directrice. J'avoue que je suis moi-même un peu débalancé. Je réplique :

— Ah bon ? Tu trouves ? Parce qu'on rigole ?

— Oui.

— Et... euh... on perd du temps... Par quoi dois-je continuer la rencontre, selon toi ?

Il me regarde, interdit. Il ne répond pas.

— Allez, dis-moi de quoi je dois parler pour ne pas faire perdre de temps à personne.

Sourcils froncés. Évidemment, il ne sait pas trop. Mais rire, pour lui, c'est perdre son temps. Tout le monde le regarde. Il commence à rougir.

— Si tu ne me donnes pas d'idées, moi je ne peux plus continuer.

— Euuuuuh...

— C'est qu'on perd du temps, là.

Tout le monde éclate de rire. Lui aussi. Je prends ça pour une autorisation à poursuivre.

Il n'interviendra plus de la rencontre. Le message est passé. Rire, ce n'est pas perdre son temps.
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