lundi 24 août 2009

Pirates 5, un extrait

Il me semble que je ne vous ai pas encore publié d'extrait de Pirates V : Trésor noir. Voici donc un petit passage :


¡A la carga! À la charge !

On piqua des éperons à la même seconde, sauf, entendu d'avance, pour une dizaine de lanciers qui tardèrent le temps de permettre à des escopettiers de monter en croupe. Le galop simultané des bêtes ébranla la plaine, générant des volées d'insectes. Les herbes se couchèrent, l'eau des couloirs spongieux giclèrent... Çà, une famille d'iguanes versa sous les sabots déchaînés, là, un nid de hérons, là encore, celui de crabiers. On aurait dit le tonnerre lorsqu'il roule sous la jupe enténébrée des nuées, mais la lumière était violente et le ciel nu.

Les lanciers dont les montures avaient haussé celle des officiers annonçaient déjà l'hallali face aux Kalinagos des premières lignes, sans arc ni zagaie, armés de boutu, qui les observaient fondre sur eux. Les cavaliers se réjouissaient de leur technique d'attaque qu'ils pensaient trop nouvelle pour les peuplades du Nouveau Monde. Aussi, quand ils virent les Naturels se pencher tout soudain et se relever incontinent en coinçant chacun contre leur pied la base d'un long pieu d'au moins deux toises, il était trop tard.

Sept chevaux, emportés dans leur galop, ne surent répondre à l'appel de la bride et s'empalèrent dans un vacarme de hennissements, d'armures qui s'entrechoquent et de bois qui éclate. Trois montures s'effondrèrent, non point touchées mortellement, mais brusquées par les pointes qui heurtèrent les caparaçons. Elles contribuèrent au chaos, faisant obstacles aux lanciers qui suivaient, obligeant ces derniers à casser la charge.

¡Por la Madona! jura de Navascués.

Son cheval se cabra en tournant sur lui-même avant de freiner sa course. Le capitán faillit vider les arçons, imité en cela par les autres officiers.


Extrait de Pirates V : Trésor noir
© Éditions Hurtubise, printemps 2010

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