samedi 4 octobre 2008

Encre

Encre.

Sang noir du savoir, magie qui transmet la pensée, qui retient l'Histoire jusqu'à ce qu'un regard daigne en absorber l'enseignement. Prodige du mot muet qui se transmet, non point de bouche à oreille, mais de main à regard. Charroi de connaissances, rivière de sciences.

Encre.

Lionel l'a fabriquée lui-même, avec du bois d'épine écorcé qu'il a laissé tremper huit jours dans l'eau. Comme à l'époque, comme il y a un demi-siècle quand il bourlinguait sur les eaux du Pérou et qu'il apprenait à écrire. Masqué par la densité de sa barbe, un rictus triste lui tient lieu de sourire tandis qu'il se ressouvient de l'adolescent qu'il était alors : arrogant, certes, voire méprisant, curieux surtout, désireux de se faire accepter par cette gent adulte avec qui il évoluait. Dans un chaudron dont Robert, le coq — c'est à dire le cuisinier de bord —, se servait en général pour cuire des aliments, il chauffait la mixture en rajoutant de temps en temps, des bouts d'écorce. Quand la solution se mettait à épaissir, il l'enrichissait d'un tiers de vin qu'il puisait à même les réserves de Poing-de-Fer. Voilà qui ne manquait point de faire jurer le pirate :

— Par le Christ ! Qu'as-tu à gaspiller c'te boire de qualité pour tes fadasseries de mignon !

— Gros talvassier !

Pirates III - L'Emprise des cannibales

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