jeudi 31 mai 2007

Le blues du retour

(Cette entrée de carnet a paru pour la première fois le 13 février 2007 sur le carnet du Réseau CJ de Communication Jeunesse.)

Chaque fois que je reviens de voyage, j'ai un terrible vague à l'âme, un spleen comme on dit. Il est toujours difficile de reprendre une vie de sédentaire quand on a vécu de nombreuses semaines à découvrir des endroits inconnus. Évidemment, le "blues du retour" était pire à l'époque où j'occupais un emploi que je détestais.

Voici un extrait de l'un de mes journaux de voyage où j'appréhende le retour, et où je commence à regretter les nouveaux amis que je me suis faits pendant le périple. J'écris ces notes dans ma chambre d'hôtel en attendant le taxi qui m'amènera à l'aéroport :
J'ai réussi à m'assoupir 15 minutes, sans plus ; je ne m'endors pas. Je n'ai pas envie de quitter ce pays. Si ce n'était de la perspective de revoir les miens, je me demande quel plaisir j'aurais à prendre mon vol. Je n'ai vraiment aucune envie de retourner à mon foutu travail. Merde! Ça m'étouffe rien que d'y penser. À mon arrivée, il faut que je me trouve un autre emploi. Un emploi avec un billet d'avion accroché après. J'ai besoin de changer plus souvent de décor. Avant de détester mon boss actuel. Ne pas faire la même erreur que précédemment et attendre trop longtemps. Beaucoup trop longtemps.

Je me regarde les mains. Elles sont brûlées, plissées. Elles ont l'air vieilles, tannées sous l'effet du soleil. Un vieux cuir. Je suis très bronzé. Ces randonnées m'ont fait prendre énormément de soleil. Une bonne provision pour affronter ce qui nous reste d'hiver au Québec, quoi.

Dans ma tête, je revois des visages : Mary, tout d'abord. Dont le sourire s'estompe doucement. Je peux encore m'en souvenir, mais c'est plus vague chaque jour. Bientôt, je n'y parviendrai plus. Ce sera comme une trahison, mais je n'y peux rien.

Je me rappelle également Hedra. Pas beaucoup de son visage, étrangement. Je me souviens davantage des traits poupins de son copain Mina (ou quelque chose du genre). Je me souviens aussi du visage de son frère déficient intellectuel et de la visiteuse. Celui de l'instituteur s'efface et j'ai oublié celui de la mère.

Je me rappelle de mon chum rigolo, le vendeur de vêtements. Étrangement, je vois son visage, mais ne me souviens plus de son nom. J'ai oublié le visage d'Atef.

Pardonnez-moi tous. Je ne vous reverrai plus.

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